venerdì 3 aprile 2020

Rencontre avec Louis de Ny


J'ai interviewé Louis de Ny, à l'occasion de la sortie de son nouveau livre dédié à Patrick Djivas, bassiste de la PFM: "Patrick Djivas, Via Lumiere".
Voici comment cela a satisfait mes curiosités...

Athos Enrile, Giuseppe Terribile, Louis de Ny, Gino Terribile

Peux- tu dire au public italien toi histoire liée à la musique progressive? D’où vient ton amour pour le prog?

Ce n’est pas original Athos, mais la musique, je suis tombé dedans tout petit. D’abord le classique (par mes parents) et puis le rock à l adolescence. Ce que tu écoutes à cette période de ton existence forme ton oreille et te conditionne pour le restant de tes jours. Par chance, pour moi comme pour beaucoup d’autres de la même génération, j’ai commencé par la pop des Beatles, puis le rock prospectif (on ne disait pas « progressif » à l’époque, rappelez-vous) allant de King Crimson à Pink Floyd en passant par Gentle Giant, Camel, Caravan, le hard rock de Deep Purple et Uriah Heep et encore Traffic, Jethro Tull ou les premiers disques de Queen. Le prog italien est venu assez vite même si je l’avoue les premiers contacts avec le chant en italien, via Banco del Mutuo Soccorso et Le Orme, m’ont un peu dérouté. Pour une raison assez floue mais sans doute liée à ce que j’écoutais à l’époque, j’ai d’abord été attiré par des groupes comme Museo Rosenbach, Biglietto Per l’Inferno, Il Balletto di Bronzo ou Alphataurus, qui étaient des formations développant dans leur musique un côté hard prog assez marqué. Mais j’ai aussi très vite adoré Delirium, Maxophone, la Locanda delle Fate, Quella Vecchia Locanda et... J’ai vraiment trouvé dans ce courant musical tout ce que je recherche dans la musique. Le prog italien est une sorte de melting pot parfaitement équilibré qui amalgame avec une sorte d’évidence tous les styles de musique que j’aime (baroque, rock, hard, pop, jazz et folklore méditérannéen). S’ajoute aussi à cela votre capacité, vous les italiens, à toujours être mélodiques. On dirait que chez vous c’est dans votre ADN.  Vous avez ce sens très naturel du beau et une évidente envie de vous faire plaisir mais aussi de faire plaisir en accouchant de belles chansons. Enfin, j’avoue que c’est le rock progressif italien qui me procure le plus de vibrations positives et de charges émotionnelles fortes. Çà ne s’explique pas vraiment de manière rationnelle en fait. Sans doute une question de sensibilité très personnelle.   

As-tu également eu une approche de musicien ou seulement d'auditeur?

A la base je connais et je lis la musique, je joue de la guitare et comme tous les adolescents, j’ai fait partie de groupes de rock éphémères et sans avenir !
Disons que je comprends mieux la musique que je ne la joue ! 

Peux-tu parler des livres que tu as écrits au fil des ans?

J’ai écrit des deux livres en français sur le rock progressif italien («Le Petit Monde du rock Progressif Italien» et «Plongée au cœur du rock progressif italien»). Je ne les ai pas écrit pour toujours raconter la même histoire (vous la connaissez mieux que moi en Italie) mais pour faire connaître le prog italien à plein de gens, pour faire partager ma passion et mes émotions pour cette musique et pour mettre en avant les musiciens. D’ailleurs dans mon deuxième livre («Plongée au cœur du rock progressif italien»), il y a toute une partie consacrée à 15 musiciens italiens connus qui s’expriment sur plein de sujets.
Le dernier livre est une biographie sur Patrick Djivas, le bassiste de Premiata Forneria Marconi.

Ton nouvel emploi est dédié à Patrick Djivas: pourquoi ce choix ?

C’était en fait assez logique pour moi. Je m’intéresse au rock progressif italien. J’écris sur le rock progressif italien (des livres mais aussi mon blog). Et il y a en Italie un musicien français, Patrick Djivas, qui joue dans un grand groupe de prog italien, Premiata Forniera Marconi et que j’admire. Alors évidemment c’était naturel que je fasse ce livre sur lui. 

Comment as-tu traité le sujet "Djivas"? As-tu seulement étudié les aspects techniques et musicaux ou tu es même entré dans la vie personnelle?

«Patrick Djivas, Via Lumière » est une biographie. C’est la vie de Patrick pendant plus de soixante dix ans d’existence. Donc çà a demandé des dizaines d’heures d’entretiens et de conversations, mais avec Patrick c’est facile car il connaît beaucoup de choses, il raconte bien et son esprit est très structuré. Les aspects techniques et musicaux ont été amenés et développés par Patrick lui-même, que ce soit sur la musique en général ou sur la basse.

Comment le livre a-t-il été reçu en France?

Bien. Il y a beaucoup de gens à me suivre mais aussi beaucoup de gens qui s’intéressent au rock progressif, donc çà se passe bien. Mais notre objectif (Patrick et moi) est d’avancer sur la version italienne. Nous espérons vraiment qu’elle pourra se faire et sortir. On est d’accord, Patrick est beaucoup plus connu en Italie qu’en France, donc c’est l’édition italienne qui nous intéresse. Nous cherchons un bon éditeur italien.
  
Comment jugez-tu la santé de la musique progressive?

Le rock progressif est passé en cinquante ans du statut de musique de référence à celui de musique élitiste faite pour une minorité de connaisseurs. C’est comme çà ! Dans notre société actuelle, le rock progressif est trop complexe et trop exigeant pour réussir à s’imposer et plaire au plus grand nombre.
Je crois dans ce mouvement musical quand je vois et j’entends de jeunes musiciens âgés de vingt cinq ans faire un rock progressif pur et inspiré. Mais je crois aussi que l’âge d’or est passé et définitivement terminé. C’était la période de l’aventure. C’est comme la conquête de l’ouest en Amérique. çà n’existe qu’une fois et après on fait vivre le mythe et on se raconte les belles histoires le plus longtemps possible.  

Je t'ai rencontré en Italie et je sais que le prog italien est important pour toi: quels sont les groupes du passé et les plus jeunes qui t'ont le plus impressionné?

Je ne peux pas répondre directement à la question Athos, il y a trop de groupes importants pour moi. Et si j’en cite et que j’en oublie, je vais me faire plein d’ennemis en Italie. Je vais te répondre en reprenant ce que j’ai déjà évoqué en France lors de conférences que j’ai faites sur le rock progressif.
Pour le rock progressif italien, je donne souvent trois points de repère correspondant à trois périodes distinctes et importantes du prog italien. Pour le golden age des seventies, je cite le deuxième album de Banco del Mutuo Soccorso («Darwin»), un LP parfait de la première à la dernière note, qui est incontestablement le point haut de la discographie des romains (je pourrais aussi citer « Uomo di Pezza » de Le Orme ou « L’isola di Niente » de la PFM). Ensuite, pour la renaissance du prog italien au début des années 90,  je parle du premier album de Finisterre car ce groupe de Gênes a vraiment eu l’ambition de redonner ses lettres de noblesse au prog italien au bon moment et « Finisterre », sorti en 1995, est clairement une oeuvre ambitieuse pour son époque. Enfin pour la période plus récente (les années deux mille), je choisis le premier album d’Il Tempio delle Clessidre. La formation d’Elisa Montaldo a réussi en 2010 à catalyser le meilleur de l’ancien et du moderne. En plus, on entend sur ce disque la voix poignante de Stefano Galifi qui donne une intensité incroyable à la musique. Voilà, je sais c’est très réducteur. Que mes amis italiens me pardonnent ce raccourci.  
 
As-tu eu l’occasion de faire des présentations de ton nouveau travail?

Des présentations étaient prévues en mai et juin en France et à Milan. Elles ont été stoppées net avec la crise du coronavirus et le confinement décidé en France et en Italie. J’espère que nous allons pouvoir replanifier de nouveaux évènements pour présenter le livre sur Patrick Djivas.
  
Quel sera ton premier acte musical à la fin de cette urgence sanitaire?

Aller très vite en Italie pour assister à un concert ou à un festival avec plein de groupes prog italiens !
En attendant je pense beaucoup à mes nombreux amis italiens et j’espère tous les retrouver bientôt, souriants et en pleine forme.
 Merci à toi Athos et merci à tous ces musiciens italiens qui nous donnent autant de bonheur. Portez vous bien et faites attention à vous.

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